LES MEDIAS, L'OPINION PUBLIQUE ET L'ETAT

ENTRE 1914 ET 1945

 

Composition réalisée par Camille Barat (Terminale L)

le 19 avril 2013

 

Les fautes d'expression et d'orthographe sont signalées en rouge

Les erreurs sont signalées en bleu

Les rajouts en violet

 

A l’aube de la Première Guerre mondiale, les relations entre les médias et l’Etat demeurent tendues. Bien que la liberté de la presse soit garantie par la loi de 1881, le pouvoir n’hésite pas à suspendre cette liberté lorsque les médias le menacent. En effet, l’Etat a pris conscience de l’importance des médias – ensemble des moyens techniques permettant de diffuser de l’information – dans la constitution de l’opinion publique. Quelles relations vont entretenir les médias, l’opinion publique et l’Etat entre 1914 et 1945 ? Si l’Etat influence fortement les médias au début du XXe siècle, ces derniers s’érigent pourtant en contre-pouvoir à l’occasion des crises politiques. Avec le commencement de la Seconde Guerre mondiale, les médias deviennent de véritables armes de guerre chargées de manipuler l’opinion publique.

 

Dès le début de la Première Guerre mondiale, les médias acceptent d’être soumis à la censure par l’Etat afin de préserver l’intérêt national.

 

Il est en effet impératif pour l’Etat que l’ennemi ne recoive pas d’informations via les médias dont il puisse ensuite se servir. Les Unes des grands quotidiens nationaux sont donc censurés telle celle du Canard enchaîné. Les médias sont également les outils de propagande de l’Etat. La censure qu’il exerce sur les médias lui permet de réduire au silence tous ses opposants. Les médias produisent alors de la désinformation destinée à l’armée allemande afin de la démoraliser mais aussi à destination des Français. On peut citer l’exemple d’une rumeur qui affirmait au début de la guerre que Berlin était assiégée. Les grands quotidiens, pour ne pas démotiver l’arrière, dissimulent l’horreur de la guerre en publiant de faux témoignages censés provenir des soldats. Il y est affirmé que les balles allemandes ne tuent pas, que les allemands ne sont que des couards, etc. Les poilus rentrant en permission sont les témoins de ce décalage entre la réalité et la fiction montée par l’Etat qu’ils qualifient de « bourrage de crâne ». Rapidement, l’Etat s’autorise à censurer les courriers en provenance du Front. Ainsi, les cartes postales, premier moyen de communication des soldats, subissent (une censure ou) un caviardage – action de noircir au crayon un document pour le rendre illisible – systématique(s). Les poilus savent que leurs courriers ne sont pas distribués s’ils critiquent l’Etat, la guerre ou font état de leurs conditions de vie déplorables dans les tranchées, ils se censurent donc eux-mêmes ce qui a pour conséquence qu’à la fin de la guerre toutes les lettres de poilus se ressemblent. Les médias sont également un moyen pour l’Etat de mobiliser l’arrière, plus particulièrement par le biais des affiches. Ainsi, une affiche portant la mention «L’or combat pour la victoire» était largement diffusée à cette époque afin d’inciter les Français à confier leur or à l’Etat. Avec l’armistice de 1918, les médias s’affranchissent de la censure opérée par l’Etat.

 

Néanmoins, à la fin de la guerre, les relations entre l’opinion publique et les médias se tendent. Dès 1918, on observe une baisse importante des ventes des grands quotidiens nationaux. Les citoyens se méfient de la main-mise de l’Etat sur la presse qui les a trompés pendant la guerre. De plus, ils accusent souvent les médias de collusion avec les milieux politiques. On assiste à cette époque à un développement des ligues d’extrême-droite telle la Croix de feu dont la plupart relaient leurs idées antisémites et xénophobes à travers de grands quotidiens nationaux.

 

En 1920, la radio commence à se développer. A la fin des années 1930, plus de la moitié des Français possèdent un poste radiophonique chez eux. Ce nouveau moyen de communication passe sous le contrôle de l’Etat qui assure le monopole de la TSF. A cette époque, le cinéma, inventé par les frères Lumière, émerge également. Les années 1930 marquent l’âge d’or des actualités cinématographiques précédant les films. A l’instar de la radio, le cinéma est étroitement dirigé par l’Etat. Au début des années 1930, la France traverse une période de crise politique profonde. En effet, la IVe République est marquée par l’instabilité ministérielle. Ainsi, la majorité des gouvernements ne demeurent que quelques semaines au pouvoir, faute de parvenir à réunir une majorité à l’Assemblée. C’est dans ce contexte tendu qui s’est radicalisé avec l’émergence des ligues que survient l’affaire Stavisky, au début de l’année 1934. L’homme d’affaire Monsieur Stavisky, surnomé «le grand Sacha», coupable d’avoir détourné des millions de francs au Crédit lyonnais, est retrouvé mort et ayant reçu une balle dans la tête dans son chalet. A l’occasion de cette affaire, la presse met à jour ses liens avec le milieu politique et notamment avec le Président du Conseil lui-même. Ce scandale politico-financier monté en épingle par les quotidiens de droite déclenche une véritable crise politique : le 6 février 1934, une émeute orchestrée par les ligues a lieu dans les rues de Paris, les manifestants tentent sans succès de s’accaparer le Parlement. La police intervient brutalement ; on dénombre 15 morts et des centaines de blessés. La presse de gauche évoque un «coup d’Etat fasciste». Pendant cette crise, les médias ont largement manipulé l’opinion publique en exhortant à la haine et en développant un sentiment d’antiparlementarisme qui a manqué de faire chuter l’Etat. Cependant, dès la fin des années 1930, l’imminence de la guerre se fait sentir, conduisant les médias à basculer de nouveau sous le contrôle de l’Etat.

 

Avec la Seconde Guerre mondiale, les médias deviennent un véritable enjeu pour les politiques, soucieux de s’assurer le soutien de l’opinion publique.

 

La Seconde Guerre mondiale marque la reconnaissance de la radio comme média d’Etat permettant un contact instantané entre le dirigeant et le peuple. Utilisée le 17 juin 1940 par le maréchal Pétain pour demander aux Français de cesser de résister en mettant fin aux combats, elle est à nouveau mobilisée dès le lendemain par le général de Gaulle lançant son appel à résister.

 

Pendant l’Occupation, les médias passent sous le contrôle des autorités allemandes. L’affiche devient un média essentiel : elle est placée dans toutes les rues afin d’inciter à collaborer, à participer au service du Travail Obligatoire (S.T.O.) dès 1941, ou critique la Résistance et les ennemis de l’Allemagne nazie. L’acronyme de la BBC, transformé pour servir la propagande allemande, devient alors «Bobards et Boniments Channel». La Résistance se sert également d’affiches pour critiquer la main-mise des autorités allemandes sur la radio («Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand»). De même, seuls les journaux collaborationnistes et antisémites sont autorisés comme le journal Je suis partout. Parallèlement, de nombreux journaux résistants se développent grâce à un réseau de presse clandestines. On peut citer l’exemple de Libération. A la fin de la guerre, on dénombre plusieurs milliers de ces journaux. Le cinéma devient également un vecteur de la propagande nazie avec la diffusion de films antisémites comme Le Juif Süss.

 

La France du maréchal Pétain se regroupant derrière la «Révolution nationale» renvoyant à des valeurs patriotiques et familiales entre en opposition avec la BBC diffusant depuis Londres. Radio Paris est effectivement passé sous le contrôle des autorités nazies soutenues par Pétain et livre une véritable «guerre des ondes» à la BBC qui diffuse alors des messages de de Gaulle et des informations sur l’avancée de la guerre. L’écoute de la BBC est alors strictement interdite en France, pourtant, de nombreux Français l’écoutent, en particulier les Résistants. C’est sur les ondes de la BBC que le 6 juin 1944 les célèbres vers de Verlaine «Les sanglots mornes des violons de l’automne» suivis de «bercent mon cœur d’une langueur monotone» annoncent le début du débarquement des Alliés en Normandie.

 

Dans cette première moitié du XXe siècle, les relations entre l’Etat, l’opinion publique et les médias ont basculé de nombreuses fois : les médias, vecteur de propagande pour le compte de l’Etat, l’opinion publique méfiante à l’égard des médias, les médias influençant l’opinion publique pour la dresser contre l’Etat. Encore largement soumis au contrôle de l’Etat, les médias vont peu à peu obtenir plus de libertés et se diversifier à la fin du XXe siècle, jusqu’à devenir les vecteurs d’une opinion de masse.

 


 OBSERVATIONS

 

- Excellent travail malgré quelques fautes d’orthographe et de grammaire.

 

- Introduction et conclusion correctes même si elles auraient pu être plus étoffées.

 

- Connaissances solides avec des exemples nombreux et explicites.

 

- Bonne structuration des idées avec l’adoption d’un plan chronologique.

 

- Recours à nombreuses notions de cours : contre-pouvoir, désinformation, censure, propagande, bourrage de crâne, caviardage, antisémitisme, xénophobie, antiparlementarisme, collaboration, résistance, collaborationnisme, guerre des ondes.

 

- Insertion de connaissances qui n’avaient pas été évoquées en cours : « Bobards et Boniments Channel ». 

 

- Très bon niveau d’expression avec un vocabulaire recherché : s’érigent ; s’affranchissent, collusion, exhortant, acronyme.

 

- Mais deux erreurs malgré tout :

           

* Dans les années 1930, la France est sous la IIIe République (1870-1940) et non pas sous la IVe (1946-1958).

 

* Les vers de Verlaine ont été un peu écorchés. Il fallait écrire : "Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon cœur d'une langueur monotone".

 

- Sur la forme on peut regretter que les paragraphes n’apparaissent pas visuellement. Il faut sauter trois lignes entre les grandes parties et une ligne entre les paragraphes.

 

QUELLE APPROCHE GEOSTRATEGIQUE PEUT-ON FAIRE DES ESPACES MARITIMES ?

 

Composition réalisée par Annaëlle Chailleux (Terminale S1) le 8 décembre 2016

(sauf concernant l'introduction que j'ai retravaillée)

 

Déjà au début du XVIIe siècle l'écrivain et explorateur anglais Sir Walter Raleigh s'exclamait "Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce commande la richesse du monde et par conséquent le monde lui-même". a l'heure actuelle, les espaces maritimes qui recouvrent plus de 71% de la surface du Globe constituent un enjeu stratégique majeur pour les États qui cherchent à affirmer leur puissance. Avec l'accélération récente de la Mondialisation qui n'est autre que l'élargissement des relations humaines à l’ensemble de la planète, la question du droit et de la souveraineté maritime est même devenue centrale au point de déboucher en 1982 sur les accords de Montego Bay qui ont accordé à chaque État côtier la possibilité d'exploiter une large bande maritime de 200 miles nautiques (la Zone Economique Exclusive). Cette mondialisation dont on peut faire remonter les origines à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492 se manifeste principalement par l'intensification des flux de marchandises, de personnes, de capitaux et d'informations. Dans ce contexte, les espaces maritimes sont devenus des lieux incontournables sur le plan de la géostratégie qui consiste en l’étude de l'influence des données géographiques sur les stratégies adoptées par les États notamment en matière de politique et d'économie. Mais alors quelle place géostratégique les espaces maritimes occupent-ils concrètement dans la mondialisation ? Ces espaces fragilisés et convoités constituent aujourd'hui une réelle opportunité sur le plan stratégique pour les Etats qui cherchent plus que jamais à s'en assurer le contrôle au besoin en les militarisant.

 

Ces espaces sont exposés à de nombreux risques technologiques et naturels. Parmi les menaces qui concernent le transport maritime et l’exploitation des ressources, la pollution des mers et des océans est la plus visible. Les marées noires entraînent des conflits d’usage entre les compagnies pétrolières, les pécheurs et les riverains du littoral. Par exemple dans le Golfe persique ou le détroit de Béring. En 2010, l’explosion d’une plate forme pétrolière dans le Golfe du Mexique a provoqué la pire marée noire de l’histoire des États-Unis. D’autres zones sont exposées à des risques de pollution radioactive comme la mer de Barents. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) est en charge de la sécurité et de la prévention de la pollution en mer. Créée en 1948, elle est une organisation des Nations Unies. Certaines zones sont exposées à des risques tectoniques (tsunamis) comme les côtes ouest des États-Unis ou encore les côtes du Japon et de la Chine. D’autres zones encore sont exposées à des risques d’ouragans comme dans les Caraïbes ou aux Philippines. Certains espaces sont même menacés par la remontée des eaux liée au réchauffement climatique comme les Seychelles et les Maldives ou encore les îles Tuvalu qui vont d’ici peu disparaître. Certaines organisations font tout pour garder intact ces espaces. C’est le cas pour la grande barrière de corail qui se trouve près des côtes nord-est de l’Australie. Cette barrière se fragilise c’est pourquoi l’UNESCO a décidé de la protéger.

 

Ensuite, ce sont des espaces convoités depuis de très nombreuses années déjà qui offrent de nouvelles opportunités. Le réchauffement climatique entraîne déjà la perspective de l'ouverture d'une nouvelle voie maritime dans l'océan Pacifique par le Nord, ce qui représenterait un bouleversement dans le commerce maritime mondial puisque le trajet entre Rotterdam et Tokyo serait plus court que celui emprunté actuellement via le canal de Suez. De même que pour la route Nord-Ouest qui permettrait un passage vers les pays d'Asie via le nord du continent américain. La fonte d'une partie de la calotte polaire permettrait également l'accès à de nouvelles ressources de matières premières, minerais et hydrocarbures comme au nord de la Russie ou entre le Canada et le Groenland. L'augmentation des prix des matières premières du au développement de nouveaux pays industriels rend ces gisements sous-marins de plus en plus attractifs et donc de plus en plus convoités. De nombreuses ressources halieutiques sont disputées. La Russie revendique son territoire sur l'Arctique. L'exploitation des ressources actuelles ou futures entraîne des conflits entre les États : la Chine et le Vietnam revendiquent des archipels situés en mer de Chine parce que leur localisation permettrait l'exploitation de ressources énergétiques.

 

Puis, ces espaces sont sources de tourisme, de commerce et sont très militarisés. Certains littoraux sont principalement voués au tourisme balnéaire comme le Cap ou l'Est de l'Australie. Le premier port de croisière au monde se trouve à Miami. Les littoraux touristiques en relation avec les zones de croisière se développent de plus en plus et s'améliorent. Maintenant de nombreuses façades maritimes sont ouvertes sur le monde comme la côte ouest des États-Unis ou encore la côte ouest de l'Europe. Le dynamisme des littoraux a attiré le développement d'immenses pôles industriels portuaires. Les mégalopoles les plus puissantes appartiennent le plus souvent aux États développés ou à des grands pays émergents. Les quatre premiers ports mondiaux sont Singapour, Shanghai, Rotterdam et Ningbo-Zhoushan. Il y a bien sûr d'autres grands ports industriels et commerciaux comme Marseille ou New York ou encore Bombay. Les principales routes maritimes relient les principaux espaces intégrés dans la mondialisation : Asie orientale, Europe occidentale et l'Amérique du Nord. On appelle «points nodaux » les espaces névralgiques des espaces maritimes. Il peut s'agir d'étroits passages naturels comme le détroit de Malacca, le détroit d'Ormuz... Il peut également s'agir de canaux creusés par l'homme afin de faciliter les échanges comme le canal de Suez ou le canal de Panama.

 

La piraterie concerne principalement trois espaces : le détroit de Malacca, le golfe d'Aden et le golfe de Guinée. Les pétroliers y sont parfois attaqués et les navires marchands détournés ; c'est également le cas pour les bateaux de plaisance. Les grandes puissances mondiales et les États souverains luttent contre celle-ci parce qu'elle fragilise le commerce international : implantation de bases militaires, patrouilles navales... L'océan est de ce fait l'espace où une superpuissance ou une puissance peut déployer ses capacités militaires et sa force de projection. Dans ce domaine, les États-Unis possèdent une avance considérable depuis la guerre froide en possédant 7 flottes de guerre positionnées dans chaque océan et en mer Méditerranée. Les États-Unis possèdent également 7 bases navales situées principalement près du Japon comme Pearl Harbor qui remontent à la guerre du Pacifique. La Russie possède également 6 bases navales positionnées tout autour de son territoire. D'autres bases navales existent également dans d'autres pays comme celle de Toulon en France ou de Liushin en Chine.

 

 

La mondialisation a accru l'importance stratégique des mers et des océans depuis que les transports maritimes s'avèrent être vitaux pour l'économie mondiale. On assiste depuis quelques décennies à un renforcement du phénomène de littoralisation et un renforcement du rôle des façades maritimes. Les États les plus intégrés dans la mondialisation s'efforcent de contrôler et de sécuriser les routes maritimes en particulier les points nodaux. La géostratégie de ces espaces qui s'exprime au travers des nombreuses tensions est représentative de la compétition qui s'exerce entre les puissances dans le cadre de la mondialisation. Mais l'exploitation de ces espaces renforce de plus en plus les conflits entre les États et l'appropriation de ces espaces entre les États accentue les différences entre les grandes puissances et les pays en développement.